Financé par l’USAID, l’Agence Américaine pour le développement international, le projet AmplifyPF est mis en œuvre par Pathfinder International depuis 2018 au Burkina Faso, en Côte-d’Ivoire, au Niger et au Togo. L’un des défis du projet est de disposer, sur tous ses dix-neuf districts sanitaires d’intervention, des données de planification familiale de qualité à savoir : des données complètes, transmises à temps et sans erreur. Tous les dix-neuf districts sanitaires ont relevé ce défi. Mais un district s’est particulièrement distingué. Il s’agit du district sanitaire de Niamey 1 au Niger dont les compétences en matière d’apurement et de validation des données ont été sollicitées et partagées au-delà du district sanitaire. Récit.
Le district sanitaire de Niamey 1 était l’un des cinq districts de mise en œuvre du projet AmplifyPF au Niger. Avant AmplifyPF, ce district, a l’instar des quatre autres, avait beaucoup de défis en matière d’apurement et de validation des données de planification familiale. Par exemple, le district sanitaire de Niamey 1 laissait la tâche à chaque Centre de Santé Intégré (CSI) de faire la saisie de ses données. Il n’y avait pas de contrôle des données depuis la source pour faire la triangulation entre les différents supports. De même, le district ne savait pas faire la détection des données aberrantes et des doublons au niveau du DHIS2. Enfin, le district ne maitrisait pas la conduite d’une évaluation de la qualité des données qui se traduit en Anglais par Data Quality Assessment (DQA).
Le projet Amplify PF a alors formé le personnel en charge de la planification familiale sur les techniques d’apurement et de validation des données, avec la comparaison entre la souche primaire et les données saisies sur les supports de planification familiale et le DHIS2. Le projet a aussi formé le personnel chargé de la gestion des données du district en techniques de conduite des évaluations de la qualité des données (DQA). Après les formations, le projet AmplifyPF a apporté ses appuis matériels et financiers trimestriels aux sessions d’apurement et de validation des données.
Dr Saloum Mahamane Mariama, Médecin Chef du district de Niamey 1 atteste : « Nous savons maintenant conduire des sessions d’apurement qui nous ont permis d’avoir des données de qualité et aussi de transmettre les données dans le temps et de façon complète ».
Mais qu’est ce qui a fait la particularité de la réussite de ce district par rapport aux quatre autres de mise en œuvre du projet AmplifyPF au Niger ?
Etat d’esprit et organisation du Médecin Chef : AmplifyPF, c’est la compétition
Dans l’esprit du Dr Saloum Mariama, la mise en œuvre du projet AmplifyPF est le lieu d’une compétition non dite ou non déclarée entre les cinq districts sanitaires bénéficiaires : Mirriah, Zinder, Niamey 1,3 et 5. C’est pourquoi lors des sessions d’apurement et de validation des données, Dr Saloum Mariama ne laissait rien au hasard. Elle s’assurait que les responsables de planification familiale de toutes les formations sanitaires publiques et privées de son aire de santé sont présents avec tous les supports requis pendant les deux jours que durent les sessions d’apurement des données de planification familiale. Aveu : « On était en compétition avec les quatre autres districts du projet AmplifyPF. J’avais au fond de moi-même, la ferme volonté que mon district soit le meilleur par rapport aux quatre autres. On utilisait alors toutes les stratégies et moyens à notre disposition pour transmettre à temps les données de qualité ». Ainsi, sous l’impulsion du Dr Mariama, un groupe WhatsApp a été créé avec les formations sanitaires. Objectifs : partager les résultats de la promptitude et de la complétude des données saisies par structure, appuyer les formations sanitaires publiques et privées dont les ordinateurs sont en panne dans la saisie de leurs données au niveau des différents bureaux et services du district de Niamey 1. Les membres du groupe WhatsApp partageaient même entre eux, des forfaits de connexion internet pour la transmission à temps des données.
Résultats : sur les cinq districts sanitaires que compte la région de Niamey, le district de Niamey 1 est toujours cité en exemple par la Directrice régionale de la population, de la santé publique et des Affaires sociales. Celle-ci a d’ailleurs demandé au district sanitaire de Niamey 1 de partager son expérience sur comment il a réalisé ses performances. Dr Saloum Mariama a alors exposé l’expérience de l’apurement des données et de la conduite du DQA dans les formations sanitaires à faibles indicateurs de planification familiale. De même, la Directrice régionale a demandé au district de Niamey 1 d’appuyer la Direction régionale de la population et de la santé publique dans l’apurement des données. Cet appui a été donné pendant trois trimestres successifs de 2022, et au cours des trimestres 1 et 2 de 2023. De tels appuis sont des offres d’expertise au-delà du district sanitaire de Niamey 1. Dr Saloum ne cache pas sa joie et confie : « Je suis fière d’être la responsable du district sanitaire toujours cité en exemple par notre première responsable au niveau régional ».
Pour mémoire, les sessions d’apurement et de validation des données de planification familiale permettent de : passer en revue les rapports mensuels élaborés par les formations sanitaires, vérifier et corriger les erreurs de rapportage des données, identifier et corriger les insuffisances et dysfonctionnements observés, mettre à jour les données dans le DHIS2, et formuler des recommandations pour améliorer la qualité de la gestion des données de planification familiale des formations sanitaires. En amont de ces sessions, il y a eu la conduite des évaluations de la qualité des données ou Data Quality Assessment (DQA). La conduite des DQA est un engagement contractuel du projet AmplifyPF à l’égard du bailleur USAID. En effet, l’USAID exige que toutes les données qui leur sont rapportées fassent l’objet d’un DQA. Derrière cette exigence, le souhait de l’USAID est que ses projets aident à institutionnaliser le DQA afin que les Ministères de la Santé le mettent en œuvre hors des zones d’intervention des projets de l’USAID et que les DQA continuent dans les zones d’intervention après la clôture des projets. Le district sanitaire de Niamey 1, pour avoir partagé ou transféré son expertise au niveau régional, a montré que l’institutionnalisation est possible. Verbatim : « Le transfert de compétences se fera par l’accompagnement des autres districts sanitaires de la région de Niamey à organiser des sessions d’apurement des données. Mon district répondra favorablement à toutes sollicitations des formations sanitaires, publiques comme privées ». Reste aux Autorités sanitaires du Pays d’adopter une stratégie nationale pour ce faire.